Visite du Président de l’Assemblée Nationale
Allocution du jeudi 23 novembre 2017
Discours du 2ème Vice Président, M. Yawo Nyuiadzi
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Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Madame la Préfète,
Monsieur le Député de la Guadeloupe, Président de la délégation de l’Assemblée aux outre-mer,
Madame la Députée des Yvelines, vice-présidente de la délégation de l’Assemblée aux Outre-mer,
Madame la Députée de Saint-Barthélemy et Saint-Martin,
Mesdames, Messieurs les vice-présidents et conseillers territoriaux de Saint-Martin,
Bonjour à tous et bienvenue à l’hôtel de la collectivité.
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale, je vous remercie au nom de notre président, monsieur Daniel Gibbs, d’être venu jusqu’à nous pour vous rendre compte de la situation.
Merci d’être venu apprécier par vous-même l’épreuve que traversent les Saint-Martinois, depuis le 6 septembre, date du passage de l’ouragan IRMA.
Je tiens également à saluer les membres de la délégation qui vous accompagne dans ce déplacement. Après le Président de la République, le 12 septembre, puis le Premier ministre, le 6 novembre, c’est un honneur d’accueillir les représentants du Parlement sur notre petit territoire.
Depuis bientôt trois mois, nos compatriotes saint-martinois ont appris à vivre avec les conséquences de cet ouragan dévastateur, en faisant face au jour le jour aux urgences du quotidien et aux difficultés qui s’accumulent.
De nombreuses personnes sont encore sans le toit, logées par de la famille ou des amis – 17 500 logements ont été déclarés inhabitables dont la moitié sont totalement détruits.
La collectivité prend en charge une centaine de personnes dans un centre d’hébergement d’urgence – ici dans une école de Marigot - et près de 2 000 dossiers d’aide d’urgence ont été enregistrés par le pôle Solidarités et Familles de la Collectivité, en charge de l’action sociale.
Au lendemain de la catastrophe - alors que Saint-Martin était dans une situation d’urgence absolue - les services de l’Etat, les militaires, les gendarmes ont été d’un grand soutien sur le terrain… Ils ont accompagné notre collectivité et ses habitants à bien des égards, et nous voudrions une nouvelle fois - à travers votre présence parmi nous - saluer leur engagement.
Nous sommes aussi très reconnaissants aux Organisations non gouvernementales et aux nombreux bénévoles d’avoir apporté une aide précieuse dans la gestion de l’urgence dont nous sortons tout juste.
Trois mois après IRMA, Saint-Martin se relève progressivement, trop lentement. Les attentes de nos concitoyens sont encore nombreuses et bien légitimes.
Le déblaiement est toujours en cours malgré un effort considérable de la collectivité (8.2 millions d’euros ont été investis dans le nettoyage), les assurances ont effectué leurs constats, mais tardent à engager les remboursements, les fondations de la reconstruction se mettent en place, mais concrètement cela ne se voit pas encore et notre population attend toujours des signes forts.
Nous avons signé un protocole de fonctionnement avec le Premier ministre Edouard Philippe, le 6 novembre dernier, qui va permettre de sécuriser les finances de la collectivité ces prochains mois, et - pas plus tard que mardi 21 novembre - nous avons entériné le protocole d’investissement « Pour une reconstruction exemplaire et solidaire de Saint-Martin », avec la ministre des Outre-Mer Annick Girardin.
Nous reconnaissons des avancées conséquentes pour Saint-Martin ; c’est une nouvelle étape franchie, mais nous attendons aussi que certains points soient précisés, notamment concernant le financement de la reconstruction.
Voilà pourquoi, nous restons vigilants quant à la poursuite des négociations avec l’état. Nous souhaitons une reconstruction solidaire et durable, et comme l’a dit le président Daniel Gibbs, « dans un partenariat gagnant-gagnant » avec l’état.
Le président de la République s’est engagé en ce sens… Nous avons nous aussi « bousculé les procédures », comme il l’avait indiqué, en créant un plan pour la relance économique et sociale de Saint-Martin que le président Gibbs a baptisé le Plan Phénix.
Aujourd’hui, l’urgence absolue, alors que de nombreuses personnes se retrouvent sans emploi, c’est tout simplement de permettre à nos socio-professionnels de survivre, et de se relever au plus vite. Dans ce domaine, la situation est si critique, que nous ne pouvons pas nous limiter au droit commun.
Les négociations sont en cours à Paris, nous avons bon espoir d’être entendus.
Dans cette visée, nous attendons avec ferveur la venue de Mme. La Ministre du Travail, afin d’avancer sur les sujets sociaux qui nous tiennent à cœur et éviter la menace d’un chômage de masse dévastateur pour notre cohésion sociale et notre ordre public convalescent.
Nous souhaitons également que les effectifs des forces de l’ordre à un haut niveau soit maintenus en 2018. Il ne faudrait pas que ces renforts partent trop vite et laissent derrière eux une recrudescence de l’insécurité.
L’avenir de nos enfants est une priorité de la Nation : j’espère que l’Etat nous aidera à réussir ce défi - ici à Saint-Martin.
La présence de l’état doit être renforcée, Saint-Martin doit pouvoir bénéficier d’un préfet de plein exercice, avec la présence de services déconcentrés qui n’existent toujours pas, dix ans après notre accession à la qualité de Collectivité d’outre-mer.
L’état doit aussi assumer sa compétence en matière de contrôle de l’immigration, et renforcer le contrôle de légalité comme il s’y est engagé. Nous avons aussi un besoin urgent de statistiques et nous demandons pour cela une Antenne de l’INSEE à Saint-Martin.
Voilà - monsieur le Président - chers députés - les attentes et les inquiétudes des Saint-Martinois au lendemain de la catastrophe naturelle sans précédent, qui nous a touchés de plein fouet.
Voilà les dossiers sur lesquels nous souhaitons être soutenus et accompagnés d’un point de vue législatif.
Comme le dit notre président, nous ne lâcherons rien et nous continuerons à défendre avec toute notre énergie l’avenir de ce petit territoire de la République, dont le potentiel économique et touristique est unique dans la Caraïbe et dont les spécificités (son bilinguisme, sa binationalité sa culture et son art de vivre) font la force.
Merci de votre attention… Monsieur le Président Vous avez la parole.
